Notre histoire commence avec celle de notre terre. PlutĂŽt que tourner page aprĂšs page, la gĂ©ologie s’intĂ©resse aux couches successives composĂ©es de dĂ©pĂŽt organique, roches, mĂ©taux et autres matĂ©riaux composant le sol sur lequel nous vivons. C’est l’étude de ces successions de strates qui permet aux gĂ©ologues de « lire » l’histoire matĂ©riel de la terre, et d’essayer de remonter Ă  ses origines ainsi qu’à celle de la vie qui l’habite.

DĂ©couvrez ici les empreintes que laissent les collections scientifiques de gĂ©ologie de l’histoire de cette discipline qui cherche Ă  dĂ©voiler la colossal anciennetĂ© de notre planĂšte.

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Les objets de collection

Pour en savoir plus

Calcaire avec quartz incrusté
Classification :  Roche exogÚne (formé à la surface) avec cristaux de quartz
Provenance : Région de Saxe (Sachsen) Allemagne
Période : Découvert au XIXe siÚcle

Cet Ă©chantillon de calcaire avec du « quartz incrusté » est composĂ© principalement de carbonate de calcium, au sein duquel des gros cristaux de quartz s’y sont dĂ©veloppĂ©s en macles particuliĂšres. Le calcaire est une roche sĂ©dimentaire composĂ©e principalement de carbonate de calcium (CaCO3) qui se forme par prĂ©cipitation accumulation et compaction. Ces roches sont constituĂ©es de grains et de boue, liĂ©s par un ciment. Elles peuvent donc contenir aussi des restes d’organismes. Le calcaire peut prĂ©senter un large Ă©ventail de textures et de couleurs, suivant la composition. Le calcaire blanc crayeux provenant du Jurassique moyen connu sous la pierre des Lourdines ou Banc Royal trĂšs prĂ©sent dans le Poitou, offre Ă  la rĂ©gion un matĂ©riau de construction reconnu mondialement.

Le quartz, un minĂ©ral formĂ© de dioxyde de silicium (SiO₂), peut se cristalliser dans le calcaire lorsque des fluides riches en silice circulent dans les fissures de la roche. Cette structure de roche est le rĂ©sultat de processus gĂ©ologiques complexes, combinant des phĂ©nomĂšnes de sĂ©dimentation, de minĂ©ralisation et d’Ă©rosion. Les cristaux de quartz, durs et rĂ©sistants, contrastent souvent avec la finesse du grain du calcaire, crĂ©ant un aspect visuel unique et fascinant. Les spĂ©cimens comme celui-ci sont Ă©tudiĂ©s en gĂ©ologie pour comprendre les conditions environnementales et les processus chimiques Ă  l’Ɠuvre au moment de leur formation. Ce quartz peut aussi ĂȘtre utilisĂ© dans la construction ou en joaillerie, notamment lorsque les cristaux de quartz prennent des formes ou des couleurs attrayantes.

Calcédoine et Bois Silicifié
Classification : Fossile minéralisé (bois fossilisé imprégné de calcédoine, une forme de quartz)
PĂ©riode : SpĂ©cimen soit du CrĂ©tacĂ© inf. (120-130 millions d’annĂ©es avant notre Ăšre) soit du PalĂ©ocĂšne (60 millions d’annĂ©es avant notre Ăšre)
Provenance : Dakota (USA) Ă©chantillon provenant d’une ancienne forĂȘt « pĂ©trifiĂ©e » subtropicale

Ce spĂ©cimen fascinant est un exemple de bois silicifiĂ©, c’est-Ă -dire fossilisĂ©. De l’eau riche en silice (un minĂ©ral naturel qu’on retrouve par exemple dans les petits sachets empĂȘchant l’humiditĂ© de se former dans certains produits) s’infiltre dans le bois prĂ©servant progressivement ses cellules organiques grĂące aux minĂ©raux (appelĂ© processus de perminĂ©ralisation). La structure originale du bois est conservĂ©e. Selon les milieux (plus ou moins oxydant par exemple), la silice se cristallise sous forme de calcĂ©doine, comme ici, donnant au bois fossilisĂ© des reflets translucides ou colorĂ©es qui renforcent sa beautĂ©.

Ce procédé de fossilisation entre le bois et la calcédoine donne une combinaison unique de textures. Le bois conserve ses motifs et la structure de ses anneaux de croissance, tandis que la calcédoine, par ses couleurs variées et son éclat soyeux, confÚre au spécimen un aspect visuel remarquable. Ce processus de minéralisation est un témoignage fascinant des transformations par fossilisation.

Célestine et Barytine
Classification : Minéraux, sulfate de strontium (célestine) et sulfate de baryum (barytine)
Période : Découvert au début du XXe siÚcle
Provenance : Etna (Italie, à proximité de la ville de Catane)

Ce spécimen combine deux minéraux : la célestine (nom issu du latin « caelestis », qui signifie « céleste », en raison de sa belle couleur bleu ciel) composée de sulfate de strontium ; et la barytine (du mot grec « barys », qui signifie « lourd », en référence à sa densité élevée), composé de sulfate de baryum.

Ces deux minĂ©raux se forment souvent dans des environnements proches : de dĂ©pĂŽts sĂ©dimentaires et de veines hydrothermales ainsi que des cavitĂ©s de roches carbonatĂ©es. Des conditions que l’on retrouve souvent proches de volcans, comme l’Etna en Sicile. Leur coexistence au sein d’un mĂȘme spĂ©cimen est due Ă  des circulations de fluides riches en sulfates et en Ă©lĂ©ments mĂ©talliques.

La célestine se distingue par ses cristaux prismatiques souvent de couleur bleu pùle à incolore, tandis que la barytine, plus dense, présente des cristaux plus tabulaires (dont les faces sont généralement rectangulaires, deux cÎtés longs et deux courts) et peut apparaßtre sous forme de masses ou de couches de couleur blanche à jaunùtre. Associé ces deux minéraux créent un contraste visuel fascinant et témoignent de la diversité chimique naturellement présente.

Cet échantillon associant à la fois célestine et barytine sont particuliÚrement intéressants pour les minéralogistes et les collectionneurs en raison de leur rareté. La barytine, en raison de sa densité élevée, est souvent employé industriellement, tandis que la célestine est prisée pour sa beauté et sa teneur en strontium, sert dans diverses applications industrielles du verre de la céramique et pour certains types de batteries et en pyrotechniques pour sa capacité à produire une couleur rouge vif.

Corindons par synthÚse suivant les procédés de Verneuil
Classification : MinĂ©ral synthĂ©tique, oxyde d’aluminium (Al₂O₃)
PĂ©riode : Fin du XIXᔉ siĂšcle, dĂ©but du XXᔉ siĂšcle
Procédé : Méthode de synthétisation de cristaux dits de Verneuil (invention en 1902)
Faculté des Sciences Minéralogie 1916, Collections de Géologue et de Joaillerie Ray-Roux, Palais Royal

Ces corindons synthĂ©tiques ont Ă©tĂ© produits selon le procĂ©dĂ© de Verneuil, du nom du chimiste français Auguste Verneuil qui mis au point cette invention en 1902. Ce procĂ©dĂ© rĂ©volutionnaire permet de crĂ©er des corindons artificiels, un semblant de minĂ©ral composĂ© d’oxyde d’aluminium (Al₂O₃), Ă©lĂ©ment constitutif des pierres prĂ©cieuses comme le rubis et le saphir. Le procĂ©dĂ© de Verneuil est considĂ©rĂ© comme la premiĂšre mĂ©thode commerciale de synthĂšse de gemmes, produisant des cristaux de haute qualitĂ©, plus standardisĂ©s et Ă  des coĂ»ts abordables.

La mĂ©thode consiste Ă  faire fondre de l’alumine pure dans une flamme d’oxygĂšne-hydrogĂšne Ă  2050°C, qui, en se solidifiant, forme un cristal de corindon. En ajoutant des oxydes mĂ©talliques spĂ©cifiques, comme l’oxyde de chrome (pour les rubis) ou l’oxyde de fer et de titane (pour les saphirs), on peut crĂ©er des gemmes colorĂ©es artificielles. Ces cristaux Ă©taient massivement utilisĂ©s en bijouterie, mais aussi dans des applications industrielles, comme l’horlogerie.

Le corindon synthĂ©tique produit par ce procĂ©dĂ© a jouĂ© un rĂŽle clĂ© dans le dĂ©veloppement des pierres prĂ©cieuses de laboratoire au XXᔉ siĂšcle, permettant de rĂ©pondre Ă  la demande de production de gemmes abordables et de haute qualitĂ©, tout en fournissant des matĂ©riaux essentiels pour la science et l’industrie.

Cristal de quartz automorphe
Classification : MinĂ©ral, dioxyde de silicium (SiO₂)

Ce spĂ©cimen est un cristal de quartz automorphe Ă  la structure rhomboĂ©drique (formĂ©e de cubes) trĂšs caractĂ©ristique du quartz. Ce cristal automorphe a pu croĂźtre librement dans l’espace, prenant ainsi sa forme gĂ©omĂ©trique naturelle sans contrainte. Contrairement aux cristaux xĂ©nomorphes, qui sont souvent dĂ©formĂ©s par la pression liĂ©e Ă  la place disponible laissĂ©e par les roches environnantes, les cristaux automorphes prĂ©sentent des faces bien dĂ©finies, avec des arĂȘtes nettes et des angles prĂ©cis, produisant une forme gĂ©omĂ©trique parfaite. Le quartz est un minĂ©ral du groupe des silicates, constituĂ© de dioxyde de silicium (SiO₂) et est l’un des minĂ©raux qui est l’expression la plus commune de la silice sur Terre.

On le retrouve partout, dans des contextes gĂ©ologiques trĂšs variĂ©s : sĂ©dimentaires, mĂ©tamorphiques (roches transformĂ©es par la pression, la tempĂ©rature ou la teneur en eau par exemple) et magmatiques. Ils se distinguent par leur forme hexagonale caractĂ©ristique et leur transparence, parfois teintĂ©e de nuances de blanc, de gris, ou d’amĂ©thyste (violet) selon les impuretĂ©s prĂ©sentes.

En plus de leur beautĂ© naturelle, les cristaux de quartz sont trĂšs prisĂ©s pour leur utilisation dans les domaines scientifiques et industriels (verrerie et fonderie), notamment en Ă©lectronique, pour leurs propriĂ©tĂ©s piĂ©zoĂ©lectriques (lorsqu’on le presse ou le dĂ©forme mĂ©caniquement, il produit une petite tension Ă©lectrique, inversement, si on lui applique un courant Ă©lectrique, il se dĂ©forme lĂ©gĂšrement). Cette propriĂ©tĂ© est utilisĂ©e dans des appareils comme les montres, les microphones et les capteurs. Leur forme symĂ©trique et leur clartĂ© en font Ă©galement des objets de collection recherchĂ©s par les minĂ©ralogistes et les amateurs de gemmes. Les plus grands cristaux ont Ă©tĂ© extraits dans des pegmatites (roches magmatiques) du Minas Gerais au BrĂ©sil, de Madagascar et du Myanmar (plus de 6 mĂštres).

Feuilles fossilisées
Classification : Fossile végétal

Ces feuilles fossilisĂ©es sont des empreintes ou des restes minĂ©ralisĂ©s de feuilles de plantes ayant vĂ©cu il y a des millions d’annĂ©es. Elles se sont formĂ©es lorsque les feuilles tombĂ©es sur le sol ont Ă©tĂ© rapidement recouvertes de sĂ©diments, souvent dans des milieux humides ou marĂ©cageux, oĂč l’absence d’oxygĂšne a ralenti leur dĂ©composition. Au fil du temps, les couches de sĂ©diments se sont compactĂ©es et ont durci, emprisonnant et prĂ©servant la forme et les dĂ©tails de la feuille dans la roche.

Les fossiles de feuilles fournissent des informations prĂ©cieuses sur la vĂ©gĂ©tation et les climats anciens, notamment les conditions environnementales et les espĂšces vĂ©gĂ©tales prĂ©sentes Ă  une Ă©poque donnĂ©e. Les veines, les formes et les bords des feuilles fossilisĂ©es permettent aux palĂ©obotanistes de reconnaĂźtre des espĂšces Ă©teintes ou de mieux comprendre l’évolution des plantes actuelles.

Leur étude aide à reconstituer les paysages anciens et à comprendre les changements climatiques qui ont influencé la végétation au cours des ùges géologiques.

Gabonionta
Classification : Formes de vie fossiles multicellulaires (classification discutée)
PĂ©riode : PrĂ©cambrien, environ 2,1 milliards d’annĂ©es pour les deux spĂ©cimens Ă  gauche et droite, le spĂ©cimen central est estimĂ© Ă  500 000 millions d’annĂ©es
Provenance : Formations rocheuses du bassin de Franceville, Gabon pour les spécimens droit et gauche ; Ukraine pour le spécimen central

Les Gabonionta sont des fossiles remarquables dĂ©couverts dans les formations rocheuses du bassin de Franceville au Gabon. ÂgĂ©s d’environ 2,1 milliards d’annĂ©es, ces fossiles sont considĂ©rĂ©s comme les plus anciens tĂ©moins connus de la vie multicellulaire. Ils datent de la pĂ©riode du PrĂ©cambrien, une Ă©poque oĂč la vie sur Terre Ă©tait principalement dominĂ©e par des organismes unicellulaires.

Les structures fossiles des Gabonionta sont interprĂ©tĂ©es comme des colonies d’organismes multicellulaires, avec des formes organisĂ©es suggĂ©rant des processus biologiques coordonnĂ©s, tels que la diffĂ©renciation cellulaire. Cela remet en question les thĂ©ories prĂ©cĂ©dentes selon lesquelles la vie multicellulaire serait apparue beaucoup plus tard dans l’histoire de la Terre, durant le ProtĂ©rozoĂŻque tardif.

Ces fossiles tĂ©moignent Ă©galement d’un moment oĂč les niveaux d’oxygĂšne dans l’atmosphĂšre terrestre augmentaient, crĂ©ant les conditions propices au dĂ©veloppement de formes de vie plus complexes. Leur dĂ©couverte en 2010 a suscitĂ© un grand intĂ©rĂȘt dans la communautĂ© scientifique, ouvrant de nouvelles perspectives sur l’Ă©volution prĂ©coce de la vie et la biodiversitĂ© ancienne.

Gypse
Classification : MinĂ©ral, sulfate de calcium hydratĂ© (CaSO₄·2H₂O)
Provenance : Mine de soufre Girgenti (Sicile, Italie)

Le gypse est un minĂ©ral de sulfate de calcium hydratĂ© (CaSO₄·2H₂O), qui se forme principalement par l’évaporation de l’eau dans des environnements marins ou lacustres peu profonds. Il est l’un des premiers minĂ©raux Ă  prĂ©cipiter (Ă  se cristalliser lorsque la concentration en sel est trop Ă©levĂ©e pour rester dissoute dans l’eau). C’est pour cette raison qu’on le trouve souvent associĂ© Ă  d’autres minĂ©raux tels que l’halite (sel gemme).

Le gypse est reconnu pour sa transparence et sa structure cristalline pouvant former de grands cristaux tabulaires (dont les faces sont gĂ©nĂ©ralement rectangulaires, deux cĂŽtĂ©s longs et deux courts) ou prismatiques, et peut parfois prendre la forme de roses des sables dans les dĂ©serts. Il est relativement tendre (norme pour exprimer la duretĂ© d’un minĂ©ral), avec une duretĂ© de 2 sur l’échelle de Mohs, ce qui permet de le rayer avec un ongle.

Le gypse a de nombreuses applications pratiques. Il est utilisĂ© dans la fabrication de plĂątre (pour la construction et les sculptures), de ciment, ainsi que dans l’industrie agricole comme fertilisant minĂ©ral pour les sols. Les variĂ©tĂ©s de gypse, comme l’albĂątre (employĂ© pour la sculpture), sont Ă©galement apprĂ©ciĂ©es pour leur valeur esthĂ©tique.

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