Une exposition audio immersive

Bienvenue dans le Cabinet de Sonorités de l’université de Poitiers !

Ouvrez les yeux, tendez l’oreille
et plongez dans un univers merveilleux
où les collections de l’université de Poitiers prennent vie.

Un modèle anatomique qui fait du stand-up,
une main robotique qui épluche des annonces d’emploi
ou encore un hamster mégalo en pleine rédaction de ses mémoires.

Laissez-vous transporter au cœur de leurs histoires,
où chaque objet éclaire notre compréhension du monde
et incarne un changement bouleversant
dans l’histoire des sciences et des savoirs.

L'écorché fait du stand-up ?

Vous vous rendez au comedy club du coin pour rigoler un bon coup. Les fauteuils sont confortables, la lumière tamisée, mais sur la scène, un personnage insolite prend le micro. Son apparence vous laisse coi. Il vous parle à cœur ouvert de sa vie avant l’humour et de sa condition physique singulière. Aurez-vous toutes les références de ses blagues ?

Le petit écorché du Dr Auzoux

À partir de 1830, le Dr. Louis Auzoux révolutionne la production des modèles anatomiques avec ses créations démontables en « papier mâché », appelées modèles d’anatomie clastique. Légers et économiques par rapport aux modèles en plâtre ou en bois, ils doivent leur robustesse à une formule spéciale mélangeant papier mâché à d’autres ingrédients accroissant leurs durabilités. Ces modèles répondent à la demande croissante d’outils pédagogiques en médecine, offrant une alternative aux dissections coûteuses et aux problèmes sanitaires des cadavres.

À cette époque, l’étude de l’anatomie nécessite principalement des cadavres de condamnés, limitant l’approvisionnement et engendrant un marché noir un peu partout en Europe. Les créations d’Auzoux deviennent ainsi une solution appréciée, lui assurant une renommée mondiale parmi ses pairs médecins.

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 A corps ouvert

 

(Dans les coulisses, il observe la salle cachée derrière le rideau)

Haaaaan le monde ! Mais qu’est ce qui m’a pris ? (brouhaha du public) Alors voilà, je fais trois blagues aux copains, ils ricanent et moi je me dis je suis fait pour le stand up !?

Allez, il faut que j’arrête de les regarder !

Musique / Applaudissements

(II entre sur scène)

Est-ce que ça va Poitiers ? (la foule répond ouiiiiii)

Et ben moi ça va pas très bien…  Oui j’ai peur…  Je suis à fleur de peau, ça se voit tant que ça ? Vous lisez en moi ou quoi ? (rires)

Bon, en fait,  si je suis là, c’est pour vous permettre de me dire merci. (Pause) Allez-y, je vous en prie (Pause). Comment ça, pourquoi ?

Je sais pas, peut-être parce que grâce à moi des millions de jeunes médecins ont tâté de l’anatomie humaine, l’ont même parfois découverte, ce qui fait qu’aujourd’hui on peut vous soigner et ne pas confondre votre rate et votre cœur ?!

(Il glousse) Vous imaginez, l’impact ? Bon pour votre vie déjà. Mais vous vous imaginez vous envoyez des petits émojis “rate” ! (rires)

Vous riez, mais c’est pas des blagues !  Enfin s’il y en a… Mais, vous savez, au début du 19ème siècle les médecins s’exerçaient sur des cadavres… Pas de pouls, pas de problèmes ! Et, à l’époque, la loi permettait de pratiquer la dissection uniquement sur des cadavres de condamnés à mort. Sauf que les scientifiques, ils ont eu de plus en plus envie de percer le mystère de l’anatomie… donc plus de besoin… moins d’offres… ça crée une pénurie ! Non mais vous imaginez un marché noir des corps ? (il joue)  ok je t’échange, mon vélo, deux entrées aux thermes pour dimanche et ma collection de dents de lait contre le corps d’un homme sportif de 35 ans ?  Deal ? (rires) Ah non mais vous riez, alors que c’est la partie la plus sérieuse du spectacle !

C’est donc là, en 1897, que le docteur Auzoux, mon créateur, moi et mes semblables, on entre en scène pour tous les apprentis médecins et chirurgiens ! On leur à papier-mâché le travail ! (Pause) Ah ben là faut rire par contre. Oui parce qu’en fait je suis fait en papier mâché, c’était peut-être pas très clair en même temps.

Bref, un corps de rêve ! Sculpté ! J’étais une star !  J’étais attendu partout, on me réclamait, on me disséquait, on m’aimait !  Même Renaud m’a écrit une chanson ! “Organe de toi”, (il chante) vous connaissez ? (rires) Ah ouais ? J’étais pas sûr pour celle-là…

Bon après, il y a eu de nouveaux prototypes, la réalité augmentée, les simulations 3D… mon abandon… mon déclin… et mes premiers pas dans l’humour… et cette fois… j’espère que j’aurais plus de “peau”, si vous voyez ce que je veux dire ! (rires et applaudissements )

Merci ! Merci beaucoup ! A bientôt !

La tension du direct

Un dimanche après-midi. Vous allumez la télé et laissez les programmes défiler jusqu’à tomber sur un genre de quiz un peu particulier. Le candidat (le champion en titre, apparemment) est face à une machine à la fois élégante et intrigante. A quoi servait-elle ? C’est la question que vous vous posez et aussi celle qui est posée au candidat.
Saurez-vous répondre plus vite que lui ?

La machine de Wimshurst, inventé en 1882, servait à généré un charge électrique et de démontrer le phénomène d’électricité statique.

L’électricité statique est un phénomène qui survient lorsqu’il y a un déséquilibre de charges électriques dans un objet ou entre plusieurs objets. Ce déséquilibre peut être causé par le transfert d’électrons (une particule chargée négativement) d’un objet à un autre. C’est précisément ce que permet de générer la machine de Wimshurst.

Comment ça marche ? Deux disques isolants recouverts de secteurs métalliques tournent dans le sens opposé l’un de l’autre grâce à l’action d’une manivelle (non visible sur notre photo). Grâce à un phénomène physique appelé « induction électrostatique », la rotation des secteurs métalliques permet de recueillir des charges électriques des signes opposées (positives et négatives) dans les deux bouteilles de Leydes à l’avant de la machine. Deux électrodes – des tiges métalliques terminées par des boules sphériques, placées à l’avant de la machine (non-visibles sur notre modèle) – sont connectées à ces bouteilles. Si les niveaux des charges électriques accumulées dans les bouteilles dépassent un certain seuil, une décharge électrique, sous forme d’étincelle, se forme entre deux boules métalliques, vidant les bouteilles de Leyde. Le processus recommence tant que les plateaux tournent.

Bien que la machine de Wimshurst produise des étincelles impressionnantes, la tension générée est relativement faible et ne présente généralement pas de danger pour les personnes qui manipulent l’appareil avec précaution. Toutefois, il est important de ne pas toucher les sphères métalliques ou les peignes lorsque la machine est en fonctionnement, car cela pourrait provoquer une décharge électrique désagréable, ou dans le pire des cas, si les bouteilles de Leyde sont bien chargées, mortel.

Le modèle de machine de Wimshurst que nous avons est l’un des plus grand d’Europe. La plupart du temps elles font environ 50cm de hauteur.

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Sous tension

 

La présentatrice

Nous retrouvons, Paul, notre meilleur candidat, pour la finale ! Vous pouvez l’applaudir ! (Applaudissements) Paul, vous connaissez les règles de cette dernière manche. Nous allons présenter devant vous un objet et vous allez devoir trouver pourquoi il a marqué l’histoire. Vous aurez droit à un indice, et vous pourrez me poser des questions auxquelles je répondrai uniquement par “oui” ou par “non” ! Paul, êtes-vous prêts ?

 

Le candidat

Je suis prêt.

 

La présentatrice

Faites entrer la Machine de Wimshurst !

Jingle

Paul, c’est à vous !

 

Le candidat

Bon… ça a l’air d’être une machine du… 19ème siècle… je peux faire le tour ?

 

La présentatrice

Oui.

 

Le candidat

Est-ce que ces deux disques tournent ?

 

La présentatrice

Oui

 

Le candidat

Est-ce qu’ils émettent des sons ?

 

La présentatrice

Non.

 

Le candidat

Est-ce qu’ils soulèvent des choses ?

 

La présentatrice

Non.

Jingle

Paul, voici votre indice :

“Lors des dîners mondains, les grands de la fin du XIXe s’amusaient à se tenir la main en ronde, une personne me mettait en marche puis me touchait, ce qui faisait se dresser les cheveux de toute la ronde”.

 

Le candidat

Attendez, il y a deux boules métalliques… Est-ce qu’il y a d’un côté des charges électriques positives et de l’autre des charges négatives ?

 

La présentatrice

Oui (ses oui sont de plus en plus encourageants)

 

Le candidat

Les charges s’attirent et forment une étincelle !

Est-ce que cette machine crée de l’électricité statique ?!

 

La présentatrice

Oui !

Et pourquoi cette machine a-t-elle marqué l’histoire, Paul ?

 

Le candidat

(Il réfléchit à voix haute) Parce que…  L’électricité statique c’est un processus physique complexe qui peut… grâce à cette machine être facilement montré… et compris…  par tout le monde ?!

 

La présentatrice

Paul… (léger suspens) c’est une très bonne réponse ! La machine de Wimshurst a été inventée en 1882 par James Wimshurst.
D’abord outil de pointe de l’époque, elle a très vite permis de transmettre et rendre accessible ce principe scientifique à tous et toutes ! D’ailleurs, elle est encore utilisée dans des collèges et lycées !
Bravo Paul !  Vous remportez… (léger suspens) un magnifique séjour à Poitiers ! (Applaudissements)

 

Générique

 

La présentatrice 

C’est la fin de cette émission ! Merci à toutes et à tous de l’avoir suivi ! On se retrouve demain ! (Applaudissements)

L'art et la chimie ? Une histoire d'amour à en faire pâlir vos tableaux

Une scène d’investigation appelle deux experts. L’une historienne, l’autre restaurateur de tableaux et chimiste. Leur mission : identifier le faux du vrai et le vrai du faux. Le monde de l’art tout entier a les yeux rivés sur leur enquête. Arriveront-ils à résoudre ce mystère pigmenté ?

Ces flacons contiennent différentes poudres de composés chimiques pouvant servir comme pigments ou bien comme réactifs lors de manipulations chimiques.

Grâce à la révolution industrielle, les chimistes ont accès à de nombreuses nouvelles machines et méthodes qui leur permettent de produire de façon plus stable des réactions chimiques. C’est aussi le début de l’industrie chimique qui met au point de nombreux nouveaux produits (entretien, cosmétique, etc.) accessibles au grand public.

Se lance ainsi un marché de pigments (pour la peinture et autre teinture) synthétiques, réalisés grâce à ces nouveaux procédés chimiques. Plutôt que d’utiliser des matériaux rares et très chers (lapis lazuli, safran…), les chimistes utilisent des résidus de métaux, roches ou autres produits auxquels on ajoute ou on enlève des éléments par procédé chimique (par exemple en ajoutant du sodium à du carbonate de cuivre – préalablement préparé aussi par procédé chimique).

Ces pigments ont eu un impact important dans le monde de l’art du XIX° siècle : les peintures synthétiques sont beaucoup moins chères que les peintures avec des pigments naturels (utilisées depuis l’antiquité et faites alors en broyant différents éléments naturels). Certaines couleurs jusqu’alors inaccessibles pour certaines bourses deviennent abordables, comme le Bleu outremer remplacé par le Bleu Guimet (qui à lui tout seul révolutionne le monde de l’art, qui permet, plutôt que de broyé du lapis lazuli, d’obtenir un bleu identique à partir de thiosulfate d’aluminosilicate de sodium1, ce qui fait ainsi baissait le prix de ce pigment ; le bleu outremer ne dépasse pas huit cents francs par kilogramme, alors qu’au même moment le lapis-lazuli coûtait entre six et dix mille francs par kilogramme ; la réputation du bleu Guimet devient mondiale). Ces pigments synthétiques étaient, notamment, particulièrement prisés par les impressionnistes pour la gamme de couleurs qu’ils offraient.

  • Chromate neutre D’ammoniaque: particulièrement toxique (cancérigène), utilisé comme réactif en chimie (propriétés explosives), peut aussi être utilisé en photographie (dans la gélatine qui aide à figer l’image) ou bien comme pigment notamment pour les vêtements.
  • Vert Guimet: Pas toxique. Aussi connu sous le nom de « Vert émeraude », il était particulièrement utilisé dans la teinture de textile ou pour le papier peint. Avant l’invention des colorant et pigment de synthèse au XIXème avec l’avancée de la chimie, pour teindre un vêtement en vert il fallait d’abord le teindre en bleu puis après en jaune. Puis les premières teintures vertes synthétiques font leurs apparitions, mais celles-ci sont faites à partir d’un dérivé de l’arsenic et sont particulièrement toxique, d’où la superstition des comédiens à ne pas porter de vert sur scène. Le vert de Guimet vient par la suite les remplacer.
  • Phosphate de cobalt: A plusieurs utilisations chimiques, peut servir de catalyseur (facilite une réaction chimique), améliore la résistance à la corrosion de certains métaux, ou est utilisé comme pigment pour la peinture, inventé en 1858 sous le nom de « Violet de cobalt » par le chimiste français Salvetat.

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Fiole histoire

 

Elle entre dans l’atelier

Historienne

Bonjour, vous êtes l’expert ?

 

Restaurateur

Vous pouvez aussi m’appeler Thomas hein… Vous êtes (l’imitant) “l’historienne” ?

 

Historienne

Louise, pardonnez-moi. Ou est-il ?

 

Restaurateur

Suivez-moi…

 

Ils traversent l’atelier

 

Historienne

Vous avez commencé ?

 

Restaurateur

Les analyses oui… elles sont au labo et devraient arriver dans quelques minutes

 

Ils s’arrêtent et contemplent le tableau

 

Historienne

Alors c’est lui…

 

Restaurateur

Ou pas…

 

Historienne

En tout cas, il a tout d’un Vermeer. Comment avez-vous procédé ?

 

Restaurateur

D’abord je l’ai observé. Son cadre, son châssis, le type de toile. Je n’ai rien trouvé de suspect. S’il ment, il ment très bien. Alors j’ai fait parler la chimie. Je me suis concentré sur les pigments… et particulièrement ce violet-là.  Ce que je cherche c’est du Phosphate de Cobalt.

 

Historienne

Pour déterminer la date de création ?

 

Restaurateur

Exactement ! Le pigment a été inventé en 1858 par le chimiste Salvetat…

 

Historienne

(elle enchaine)… et comme ce tableau est censé avoir été peint en 1657, si on trouve des traces de Cobalt, on saura que c’est un faux !

 

Restaurateur

(Il s’emballe) Et ça ne concerne pas que le violet de Cobalt hein ! Le 19ème a été un tournant pour les artistes qui ont pu accéder à des couleurs synthétiques moins chères, moins rares mais tout aussi profondes, couvrantes et … (il s’interrompt)… mais  je ne vous apprend rien hein…

 

Historienne

(Amusée) Non.

(Elle redevient sérieuse) Thomas, on est attendu là, vous savez. On ne peut pas se tromper. Tous les musées ont les yeux braqués sur nous.

 

Restaurateur

Vous savez, des pigments synthétiques qui se faisaient passer pour des pigments naturels, j’en ai vu dans ma carrière ! On va l’avoir.

 

Historienne

Dois-je vous rappeler qu’un faussaire a réussi, grâce à la chimie, à faire passer une de ces propres toiles pour un chef d’œuvre de Vermeer ? Un peu de bakélite mélangée à des pigments du 17ème, un passage au four, et l’œuvre était craquelée comme s’il avait été peint des siècles plus tôt !

 

Restaurateur

Voilà les résultats…  Tenez… (il lui tend l’enveloppe)

 

Elle ouvre l’enveloppe et lit…

 

Restaurateur

Alors ?

 

Historienne

Je crois que ce tableau aura plus sa place dans mon salon qu’au Rijksmuseum d’Amsterdam !

 

Restaurateur

Alors c’est bien du Phosphate de Cobalt !

Dis donc, qu’elle fiole histoire ! (Il sourit) Non ?

 

Historienne

(Amusée et complice) Non.

Un dernier verre ?

Il vous invite à le rejoindre prendre un verre. Il vous laisse vous installer dans cette pièce aux allures de cabinet de curiosité et engage la conversation. Très vite il se met à parler de lui, de ses ambitions tout à fait philanthropiques, à partager son histoire. Il en vient à vous parler de son projet de livre, de ses mémoires. Malgré ce qu’il représente pour l’histoire des sciences, ne vous paraît-il pas un peu trop présomptueux ?

Hamster doré (Mesocricetus auratus) sous formol, une espèce de hamster très répandue en captivité un peu partout dans le monde, élevée comme animal de laboratoire ou de compagnie. Si le hamster sauvage est menacé d’extinction dans la nature, sa présence abondante dans les élevages préserve l’espèce d’une éventuelle disparition totale.
Néanmoins, il est important de noter que, si l’espèce en tant que telle est « sauvée » de l’extinction grâce à l’élevage, les spécimens issus de laboratoires n’ont plus grand-chose à voir avec leur origine sauvage. La sélection génétique opérée par les scientifiques pour conserver ou effacer certains traits (dans des buts de recherches) fait que l’on perd la diversité génétique des spécimens sauvages. Les spécimens d’élevage ne sont d’ailleurs pas forcément aptes à survivre dans des conditions naturelles.
Ainsi, dans la préservation de la biodiversité en milieu naturel, il faut faire attention à préserver la diversité génétique des spécimens préservés.
Le hamster doré sauvage est considéré comme animal en danger par l’UICN à cause de son habitat sur une zone de répartition très réduite, en Syrie. Mais, pour les habitants de ces régions, le hamster est un animal nuisible ravageur de cultures. L’origine du hamster naturalisé ici est inconnue.

On peut retracer l’origine des hamster doré d’élevage à partir de 1930, où l’Université hébraïque de Jérusalem a capturé une femelle hamster doré et ses 12 petits à des fins expérimentales. Les hamster se reproduisant tellement vite que bientôt l’Université de Jérusalem approvisionna d’autres laboratoires du monde avec leurs descendances. Depuis, il est probable que tous les hamsters dorés d’élevage (animaux de laboratoire ou de compagnie) soient issus de cette unique lignée (et donc ne représenterais plus aujourd’hui le patrimoine génétique du hamster dorée sauvage).

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Aqua memoria


Bon, déjà, il me faudrait un titre accrocheur ! Quelque chose d’émouvant comme :  (il surjoue) “Une vie bouleversante”. Non ?  C’est trop ? Ou quelque chose d’inspirant comme Michelle Obama : “DEVENIR” !  (Pause) Sinon il y aLes confessions ? Oui je sais, déjà vu. “Mémoires d’un hamster peu ordinaire” ? C’est pas mal ça !? Je le garde, on verra plus tard !

Je pense commencer plutôt cash : “Si je prends la plume aujourd’hui, c’est parce que j’ai été choisi pour représenter mon espèce”. (Satisfait de lui-même) Ouaiiiiiis. Ensuite, j’enchaine : “Immergé dans mon formol, je suis depuis des années le témoin privilégié des grandes avancées de la science”. C’est bon ça !

C’est là que j’explique, qu’avant, pour conserver et étudier les espèces, les chercheurs utilisaient la taxidermie. (Un peu dédaigneux) Des peaux empaillées, vides à l’intérieur, non mais vous imaginez !? Pas de coeur, pas de rate, rien ! Donc, je mets un peu de suspens, de doutes, quelques rebondissements…  et là j’annonce l’apparition du formol ! Grâce à cette solution liquide, les scientifiques pouvaient conserver les organes internes et étudier les tissus mous ! Et je mets le paquet : Les espèces dans mon genre ? Mieux conservées. La biodiversité ? Mieux documentée.  Le vivant ?  Mieux compris… et mieux protéger ! La classe, non ?

Après, je recentre sur moi, parce que quand même, c’est moi le héro du formol. Je raconte ma vie sur les podiums et dans les expo, les regards subjugués… Et BAM mise en abîme,  j’ouvre sur le fait que j’ai permis un débat sur ma propre conservation. Parce que oui, le formol ça conserve bien mieux que les solutions qu’on trouvait dans les premiers cabinets de curiosités, mais… peut mieux faire ! Déjà, c’est cancérogène pour les petites mains qui m’ont mis en bocal, et puis bon, baigner dans un liquide qui laisse peu à peu mon ADN se détériorer… je mérite mieux que ça !

Et pour la fin, je pense parler des recherches en cours sur des substituts ou des techniques de numérisation pour préserver toujours un maximum d’infos dans le futur… (avec malice) et ce faisant, je me replace discrètement au centre de l’actualité scientifique !

(Soudainement) Oh ! J’ai trouvé un titre ! Vous allez adorer :  “Il était une fois l’Hamster”.

Obsoléscence jamais programmée ?

La recherche d’emploi n’est jamais vraiment fun. Encore moins lorsqu’on est qu’une main ! Pourtant, celle-ci, de main, en a de l’expérience à revendre. Un CV long comme son bras (robotique). A-t-elle vraiment besoin d’un coup de pouce pour trouver ce job de rêve ? En tout cas, il semble qu’elle ait mis le doigt sur une offre parfaite pour elle.

Cette main robotique (2005) est d’abord développée dans les laboratoires de recherches afin d’améliorer l’ingénierie de mains robotiques d’inspiration anthropomorphiques à plusieurs degrés de liberté (avec des moteurs dans chaque phalange), le développement de logiciel pour adapter la saisie de la main à une variété d’objets et l’étude de la manipulation bi-main, bi-bras (et application potentielle à la robotique humanoïde).
Elle a ensuite était utilisée pour la formation des étudiants en robotique. La particularité de ce prototype est que chacune des phalanges est motorisée. Les apprenants devaient créer un code informatique et ainsi programmer la main de façon à ce que chaque moteur s’actionne individuellement pour réaliser une action ensemble (fermer la main pour transporter un petit objet par exemple).

La recherche en robotique s’installe à partir des années 50 en France mais développe avant tout des solutions industrielles (particulièrement l’automobile comme Renault ou Citroën, le premier étant utilisé chez General Motors) et/ou pour l’armée. Ces robots industriels sont avant tout des bras mécaniques programmés pour réaliser la même action des milliers de fois avec au bout de ces bras différents types d’outils.  Ces robots sont spécialisés et sont dédiés à une tâche précise, ils manipulent bel et bien des objets mais avec des préhenseurs spécialisés et non des mains.

Dans le cas du robot humanoïde, il semble nécessaire qu’ils possèdent des organes de taille semblable de manière à pouvoir utiliser les mêmes outils que ces derniers, bref à être fonctionnels dans un milieu conçu pour les humains. De plus, cette similarité pourrait faciliter l’acceptation de ces robots par le public. Leurs mains doivent donc, en première prémisse, être physiquement comparables à celles d’un humain adulte standard.  Au-delà de cette ressemblance, la main humaine est l’organe de préhension le plus précis et le plus habile de toutes les espèces animales, grâce à ses caractéristiques physiques ! La main est le préhenseur universel. Réussir à répliquer une main humaine  est ainsi une mission importantes pour la robotique.

La recherche en robotique s’intéresse aujourd’hui aussi aujourd’hui à l’interaction entre robot et humain (HRI pour Human-Robot Interaction ou, en français, « Interaction Humain-Robot » ; on parle aussi de cobotique ou derobotique collaborative, qui elle est une robotique de l’industrie qui a aussi pour finalité de collaborer avec l’humain, mais sur une tâche bien précise dans le milieu professionnel), pour mieux concevoir la façon dont nous imaginons psychologiquement nos interactions avec ces automates et ainsi concevoir des méthodes pour faciliter leurs opérations.

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Main d’œuvre

 

La Main Préhenseur

Elle allume son ordinateur, elle tape sur son clavier… et clique sur différents onglets…

 

(Elle lit à voix haute ce qu’elle découvre)

Afficher les dernières annonces d’emploi… (clic) Trier par pertinence…(clic)

(Elle fait défiler les annonces)

Robot aspirateur, non. Robot tondeuse, non. Robot humanoïde, ah pas loin !  Et si je précise ma recherche et que je tape main préhenseur uniquement ?  Ah voilà !

Recherche pinces mécaniques pour solutions industrielles automobiles… C’est bon, on est plus dans les années 50 là…

Recherche modèle main robotique pour figuration dans un film de science-fiction vintage… huuum… pourquoi pas…

Ah ! Recherche main préhenseur pour exposition à l’Université de Poitiers ! C’est super ça !

Ok postuler…

Remplir les informations suivantes… (elle lit les intitulés puis ce qu’elle tape)

Date de naissance : 2005

Disponibilités : beaucoup

Mensurations : hauteur 30cm, largeur 25cm, profondeur 12cm

Particularité : 5 phalanges motorisées programmables par code informatique. Capable de transporter un petit objet.

Expérience : Recherche et enseignement

Détailler cette partie :

Euuuuh et ben je peux mettre que…

J’ai collaboré avec de brillants chercheurs… (clic copier, coller)  là j’intègre leur CV et leurs références… et puis je peux préciser : (elle tape et lit à voix haute)  “qu’on a été parmi les premiers à créer une main robotique aux capacités de manipulation proche de celle de l’humain”… je vais peut-être préciser que c’est moi cette main en fait…

Est-ce que je leur rappelle qu’avant on développait de simple pince robotisée ? Oh non, ils doivent le savoir. Par contre, je peux dire que (elle tape et lit à voix haute)  :

“nos recherches ont mené à la création de préhenseurs capables de saisir une grande variété d’objets comme les prothèses qu’on connaît aujourd’hui et que demain, elles permettront aux futurs robots d’être encore plus habiles grâce à des mains intelligentes !” Ouais, c’est bien ça.

Ensuite, j’ajoute que : (elle tape et lit à voix haute) “j’ai souhaité partager mon expérience avec des étudiants et des étudiantes en robotique, pour qu’ils et elles puissent s’entraîner à coder des mouvements précis sur mes doigts motorisés et développer encore de nouvelles versions” ! Un moyen assez subtile de dire qu’il y a eu un avant et un après moi. Parfait.

Que pourriez-vous apportez à ce poste ?

Sérieux ? Vous allez pas être déçu ! C’est parti :

(elle tape et lit à voix haute) “Dans un monde où la recherche évolue sans cesse et où les mains de mon âge sont vite classées comme obsolètes, je suis persuadée de la nécessité de partager mon histoire, de transmettre une vision du monde à un moment précis, et ainsi comprendre les avancées extraordinaires du lien entre les Humains et les robots”.

Remarques supplémentaires ?

(elle tape et lit à voix haute) “Je n’ai jamais alimenté, et je n’alimenterai jamais les inquiétudes – parfois légitimes –  du remplacement de l’humain par la machine. Je suis persuadée que mon rôle est de montrer tout ce que la robotique a apporté et peut encore apporter à l’humain !

Voilà.

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(Elle ferme son ordinateur et se verse un café)

Un couteau, un dictionnaire et néandertal

« Notre civilisation s’est éteinte, il n’y a plus rien sur Terre, tu es la dernière survivante. Tu as le droit de choisir 3 objets qui survivent avec toi, tu choisis quoi ? » La question peu anodine venant de la table d’à côté vous surprend. Mais vous y réfléchissez aussi, qu’est-ce que, vous, vous prendriez pour survivre dans un monde post-apocalyptique ? Mais c’est la réponse de la jeune femme de la table voisine qui vous étonne le plus, où est-elle allée chercher cette idée ridicule ?

Moulage du toit crânien de Neandertal (que l’on nomme Néandertal 1) découvert en 1856 dans la feldhofer grotto. Il fait partie d’un lot d’environ 14 spécimens découverts en même temps ; avec notamment des restes post-crâniens.

Les néandertaliens, membres du groupe humain au nom bien connu, aurait disparu il y a un peu moins de 40 000 ans, remplacé (à la longue et par assimilation) par l’Homo sapiens. Adapté à un climat froid, il était plus trapu que ce dernier. A tort, il a longtemps été considéré comme primitif et a été sujet à de nombreux préjugés. Il avait pourtant développé une culture et des techniques sophistiquées, à la fois dans la fabrication d’outils, de parures peut-être, mais aussi la pratique des rites funéraires.

Les os de Néandertal sont les premiers fossiles humains distincts d’Homo sapiens à être découverts en 1856. L’idée même qu’une autre espèce humaine ait existé par le passé (et ait disparu) mis longtemps à faire consensus dans la communauté scientifique. Pour rappel, à cette époque, même si les scientifiques travaillaient déjà sur les phénomènes évolutifs, Darwin n’avait pas encore publié sa théorie des mécanismes l’évolution des espèces (1859), ni sa mise en application à l’être humain (1871).

Le crâne de Neandertal (et le squelette en général) est distinct de celui de l’Homo sapiens, il peut être facilement identifiable, avec une calotte crânienne seule, particulièrement par les arcades sourcilières proéminentes et un front fuyant.

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Humain pluriel

 

Lui

EH !  Notre civilisation s’est éteinte, il n’y a plus rien sur terre, tu es la dernière survivante.

Tu as le droit de choisir 3 objets qui survivent avec toi, tu choisis quoi ?

Elle

Déjà, là, pour commencer je vais choisir… (en s’adressant à un serveur) un café s’il vous plaît…

Ok. Donc je suis la seule survivante ? J’aurais pas parié tu vois  ! Et il reste des villes ? Des supermarchés ? Des animaux ?

Lui

(Il réfléchit)  Euuuh tout est rasé, tu es au milieu d’un tas de gravats.

Allez, je te laisse un peu de nature et quelques animaux…

Elle

OK (elle réfléchit à son tour).… Alors je garde un couteau-suisse…  un dictionnaire…. et…. un moulage du toit crânien de Néandertal (ils rient)

 

Lui

Et tu comptes m’expliquer ?

 

Elle

Bon le couteau-suisse, classique. Je peux trancher du bois comme de la bouffe et le dictionnaire c’est pour m’occuper !

Lui

Oui, ben tu vois c’est pas ça qui m’a surpris en fait…

Le moulage du toit crânien de Néandertal ? Mais d’où tu sors ça ?

Elle

Bon tu connais ma lubie du moment… comprendre d’où vient l’espèce humaine. Je pars de nous, Homo sapiens  et je remonte le temps, et ça fait pas mal de temps !

Lui

Oui, oui je sais (il tente de l’imiter) : “Ça fait au moins 300 000 ans que notre espèce  est apparue mon pote ! C’est énorme ! Et si peu à la fois, à l’échelle du vivant sur terre !”
Tu me l’as déjà dit,  mais du coup qu’est ce que Néandertal vient faire là ?

Elle

Et bien Néandertal, c’est un parent ! C’est une branche de notre arbre quoi !  On a même  coexisté ! Et c’est grâce à la découverte de son crâne en Allemagne en 1856 que nous savons que nous n’avons pas toujours été les seuls humains.

Lui

Bah Homo erectus, Homo habilis et tout ça ? C’est pas l’espèce humaine aussi ?

Elle

Si mais leur découverte arrive bien après !
Au début du 19ème, on ne parlait pas du tout de théorie de l’évolution ! Avant, on pensait que les êtres humains étaient uniques et n’avaient pas d’ancêtres communs avec d’autres espèces.

Lui

Et Darwin ?

Elle

Il défendait déjà ses théories, avec d’autres scientifiques, mais ils avaient tous bien du mal à s’imposer ! Mon toit crânien est alors devenu une preuve solide de l’existence d’une espèce humaine distincte qui avait vécu avant l’Homo sapiens, ce qui a contribué à accélérer l’acceptation de sa théorie !

Lui

Eh dis donc, on a complètement dérivé là ! Il te sert à quoi dans un monde post-apocalyptique ton Néandertal ?

Elle

Pas du tout ! On est toujours dans notre sujet ! Écoute ça. Si jamais une nouvelle espèce, quelle qu’elle soit, débarque dans ce monde post-apocalyptique… et qu’elle découvre néandertal d’un côté et moi, sapiens de l’autre… elle aura accès à une partie de l’évolution de l’espèce humaine…en un coup d’œil !  Et moi, je fais gagner du temps à tout le monde !

Lui

Ah ouais ! Mais t’es carrément prête en fait !

Elle

  Et puis dans Seul au monde, Tom Hanks discutait avec son ballon ! Moi, j’aurais mon toit crânien !

Avoir toutes les cartes en main

Quand un·e ami·e vous invite à venir tester le dernier jeu vidéo tendance, êtes-vous plutôt du genre à dire oui ou non ?
Même si cela implique de plonger en plein cœur de l’histoire de la Grande Bretagne du 18ème siècle ? De manœuvrer un bateau d’époque et partir explorer les terres d’Écosse ?
Alors, branchez votre casque VR, prenez vos manettes et laissez le vent iodé numérique assaillir vos narines.

The true interest of Great Britain, Ireland and our plantations est un ouvrage d’Alexander Murray publié en 1740. Il présente les avantages que l’Angleterre pourrait tirer de l’exploitation de ses propres ressources, ainsi que celles de l’Irlande, sa première colonie, de même que celles des « plantations » en Amérique et aux Antilles. Cet ouvrage recèle de magnifiques cartes, très grandes et très détaillées, pliées à la fin de l’ouvrage, ce qui ne manque pas d’émerveiller. Cette carte du Loch Sunart, en Ecosse, en fait partie.

Le moins que l’on puisse dire est que cette représentation cartographique du Loch Sunart est chargée. Tout d’abord, elle présente des objets topographiques détaillés, tels que des églises, des villages, des champs et des veines de charbon et de minéraux non exploités. La représentation graphique de cette carte, chargée en informations et extrêmement détaillée pour les moyens de l’époque est une preuve de la maîtrise du sujet : vous savez ce que vous allez voir si vous vous y rendez, pas d’incertitude.

Enfin, nous pouvons voir le cartouche élaboré (encadré ornementé tout en haut) et les dizaines de textes d’explications topographiques, historiques et pratiques, qui épousent les contours du Loch Sunart, comme intégrés dans le paysage. Ces éléments narratifs sont fascinants car ils ont plusieurs utilités : l’un décrit l’histoire des mines de Strontiant dans le but de produire une valeur informationnelle historique qui donne à la carte une dimension presque encyclopédique, tandis que le texte du bas tient un rôle plus pratique en ce qu’il guide les navigateurs dans le bras de mer dont la remontée semble requérir une dextérité importante. Il ne reste aucune place pour l’incertitude !

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Jeu de carte

 

Elle

Tiens, mets le casque de VR !

Lui

Je l’enfile comme ça ?

Elle

Oui, et tu peux attraper les manettes qui vont avec  !

T’y as déjà joué ?

Lui

C’est une première, et toi ?

Elle

Pareil ! Mais ça à l’air plutôt facile à comprendre. On est plongé dans une époque et une civilisation et on doit réussir des missions !

Là, on est au cœur de la Grande-Bretagne du 18ème siècle !

Lui

Ok… on choisit nos personnages… c’est bon !

On y va ? C’est partiiii !

(Elle lit et commente)

Elle

On doit rejoindre Loch Sunart en Ecosse…. et y retrouver un habitant dans l’église du village. Il nous dira quoi faire ensuite.

Lui

(Sur la mer) Oooooh mais on est carrément sur le bateau… Ouah ! J’ai jamais joué en réalité virtuelle, c’est incroyable !

Elle

Ouais et ça fiche un peu le mal de mer aussi, non ?

Ok on se sépare.. il faut qu’on trouve un plan ou une carte, on a aucune idée d’où on va là…

Ils se déplacent et fouillent

Lui

Une boussole, on prend ?

Elle

Carrément !

Regarde ce que j’ai trouvé ! C’est un livre, avec des cartes ! C’est écrit… The true interest of Great Britain, Ireland and our plantations.

Lui

Vas-y déplie cette carte là, elle a l’air immense

(Elle déplie la carte)

Lui

Elle est signée Alexander Murray, il faut qu’on retienne son nom, ça nous servira peut-être plus tard.

Elle

Ouah c’est chargé ! Tu crois qu’on a besoin de toutes ces infos ?

Lui

Attends (il la parcourt) … Je pense que oui… Tu as vu ? L’histoire  c’est peut-être de ça dont va nous parler notre habitant !

Elle

Ouais enfin on dirait quand même un mode d’emploi pour exploiter les ressources d’une terre non ?

Lui

Là, regarde le village qu’on cherche ! On voit même son église !

Elle

Je prends les commandes et tu me guides ?

Lui

Ok… il  faut remonter le bras de mer pour accéder à la baie… D’après ce qu’indique Alexander Murray, la remontée requiert un peu de dextérité !

Elle

(Elle dirige difficilement) Ooooooooooh  ! Accroche toi !

Le bateau tangue, affronte les vagues

Lui

Attention sur la gauche ! La carte signale des énormes rochers !

Ça se calme, ils approchent de la terre et descendent du bateau

Lui

Viens, l’église est par là !

Elle

N’oublie pas la carte !

Elle dit quoi maintenant ?

Lui

Elle dit tout !

Franchement j’ai l’impression d’être déjà venu tellement c’est précis !

(Ils marchent)

A ton avis, si on prend la même carte, mais avec des informations d’aujourd’hui, qu’est ce ça donne ?

Elle

(Elle joue légèrement) Les 10 sites à ne pas manquer ? Où manger ? Où dormir ? Ou faire la fête ? (ils rient)

Ils continuent à marcher et s’arrêtent soudainement

 

Elle

Là ! Quelqu’un nous attend !

Lui

Tu fais les présentations ?

Une imagination débordante

Vous rêviez de devenir un loup-garou ? Mr Oufle a testé pour vous. Ses retours ? Hormis le rush d’adrénaline, il se souvient surtout de deux personnages se criant dessus et discutant sur ce qu’il devrait faire. Alors, prêt à tenter l’expérience lycanthrope ?

L’histoire des imaginations extravagantes de Monsieur Oufle est un recueil d’histoire datant de 1710 et écrites par Laurent Bordelon. Chacun de ces contes raconte l’histoire de Monsieur Oufle (anagramme de Le Fou) et de sa famille. M. Oufle est particulièrement crédule et empreint d’une imagination débordante à cause de tous les livres de fiction qu’il a lus. Ce qui l’entraine à croire, comme par exemple dans une des histoires, qu’il est devenu un loup-garou. Dans les gravures qui accompagne le livre, Mr. Oufle est toujours accompagné d’un personnage de bouffon qui le suit partout afin de bien faire comprendre au lecteur que ce n’est pas un héro à imiter.

Ce livre est une mise en garde de l’auteur sur tout ce que la littérature de fiction peut induire dans les esprits des enfants et des plus crédules. L’auteur rédige de nombreux pieds de page où il explique (avec sources, littéraires et théologiques, à l’appui – ce qui peut donner à l’ouvrage une apparence d’article scientifique moderne) pourquoi la littérature de fiction et toute forme de « superstition », sont mauvais pour la formation de l’esprit.

Cet ouvrage a eu un maigre succès critique, puisque beaucoup l’ont comparé à Don Quichotte, mais pour montrer la supériorité littéraire de ce dernier. Il a néanmoins trouvé un petit public à l’époque.

Cette critique de la fiction est représentative d’une époque ou la pensée des philosophes rationalistes (comme René Descartes) viennent questionner les fondements de ce que nous pensons comme vrai. C’est le début de la méthode scientifique comme nous la connaissons aujourd’hui.

Le titre entier du livre est : « L’histoire des imaginations extravagantes de Monsieur Oufle causées par la lecture des livres qui traitent de la Magie, du Grimoire, des Démoniaques, Sorciers, Loups-garoux, Incubes, Succubes & du Sabbat, des Fées, Ogres, Esprit Folets, Génies, Phamtômes & autres Revenans, des Songes, de la Pierre Philosophales, de l’Astrologie Judiciaire, des Horoscopes, Talismans, Jours heureux & malheureux, Eclypses, Cometes et Almanachs, enfin de toutes les sortes d’Apparition, de Divinations, de Sortilèges d’Enchantement, & d’autres superstitieuses pratiques. Le tout enrichi de figures & accompagné d’un très grand nombre de Nottes curieuses qui rapporte fidellement les endroits des Livres, qui ont causé les imaginations extravagantes, ou qui peuvent servir pour les combattre. Tome Premier »

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Truc de oufle

 

Cri de foule affolée

Bouffon

Vous voyez, Monsieur Oufle ?! Ils vous craignent, ils vous fuient  ! Vous êtes un loup-garou !

 

Descartes

Monsieur, n’écoutez pas ce bouffon… Vous savez bien que les loups-garous n’existent que dans les livres.

 

Bouffon

Oh ! Mais vous êtes qui vous ? Un casseur d’ambiance ?  Pourquoi les loups-garous peuplent-ils les livres depuis des siècles s’ils n’existent pas ?

 

Cri du loup-garou

 

Descartes

Monsieur Oufle, je suis René Descartes. Je suis philosophe.

Ce qui est écrit dans les fictions peut être parfois vrai, parfois non. Ce que j’essaie de vous dire, c’est qu’il ne faut plus tout croire sur parole, mais étudier et surtout douter.

 

Bouffon

Pfff, pourquoi ne pas arrêter de lire des fictions pendant que vous y êtes ! Descartes… Descartes-toi de là ouais !

 

Descartes

Ce n’est pas du tout ce que je dis, je dis simplement qu’il faut faire preuve de prudence.

 

Bouffon

Vous voulez que je doute ? Et bien je doute de votre théorie !
Si les sorcières n’existent pas, pourquoi les philosophes existeraient ? Tous deux n’existent qu’à travers les mots et les livres non ?

 

Descartes

 Bouffon ! Si je te dis, je pense, donc je suis, que me réponds-tu ? (Pour lui même) Tiens elle est pas mal celle-là, il faut que je la note, c’est une punchline qui peut rester.

 

Bouffon

Je pense que Monsieur Oufle est un loup-garou… donc c’est un loup-garou !

 

Descartes

Mais non ! Ça ne marche pas pour tout… On peut douter de tout, mais on ne peut pas douter qu’on est en train de douter… donc si on doute, on existe !

 

Bouffon

(A monsieur Oufle) Oui oui, l’enfant la-bas monsieur, allez-y ! (Cri d’enfant apeuré)
(A Descartes) Mais que serions-nous sans imagination ? Si on ne peut plus invoquer les elfes, les fées, les ogres ou les génies ? Si on ne peut plus croire aux sortilèges et aux horoscopes ?

 

Descartes

Attention, je ne suis pas en train de critiquer l’imagination ou les croyances… Je veux juste dire qu’on ne peut pas faire confiance à ce que l’on voit parce que notre imagination nous fait voir des choses qui n’existent pas.

Et je suis sûr que Laurent Bordelon, l’auteur de cette fabuleuse fiction, dont vous, Monsieur Oufle, êtes le héros, est tout à fait de mon avis…

 

Bouffon

(Il le singe) Gnagnagnagna

 

Descartes

 Et je suis sûr, aussi, qu’à l’avenir, on se souviendra plus de moi, que de vous !

Crédits

Réalisation

Nuits Noires

Scénarios

Lucie Baverel

Sound-Design

Remi Sève

Voix

Marlène Vincent
Criz Tanzilly

Crédits photos

Université de Poitiers

Coordination

Service Sciences et Société de la Direction de la Recherche et de l’innovation de l’université de Poitiers

Expertise scientifique :

 

Christine Bailly (Muséeum Nathional d’Histoire Naturelle)

Kathleen Belhassein (université de Poitiers, CNRS)

Sophie Beltran-Bech (université de Poitiers, CNRS)

Lucien Dascalescu (université de Poitiers, CNRS)

Arnaud François (université de Poitiers)

Géraldine Garcia (université de Poitiers, CNRS)

Roger Gil (université de Poitiers)

Franck Guy (université de Poitiers, CNRS)

Jérôme Pacaud (université de Poitiers, CNRS)

Claire Portal (université de Poitiers)

Anne-Sophie Traineau-Durozoy (université de Poitiers)

Avec le financement du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Direction Générale de la Recherche et de l’Innovation, dans le cadre de l’appel à projet 2023 « Valorisation des collections scientifiques patrimoniales dans le cadre du dialogue entre science et société »


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